Les Poèmes du Défilé
A découvrir ou à redécouvir...
"Désir de Désert
désir de désert
désert de désir
désert des arts
lézard du désert
désir de lézard
désir de dessert
dessert au désert
désert de dessert
lézard du désir
lézard au dessert
Patrick Joquel
Du Prévert en nous, de Prévert à nous
Qui est là ? demande Paris.
Dans la ville des choses pleurent
Qui se presse ? demande la Tour Eiffel.
C’est la Seine.
Au printemps elle court et pleure
Et pourtant sans cesse elle va sourire
Vous rêvez du parfum des jardins
Et des fées du printemps
Sur des chevaux volants
D’un peu de poésies
D’un zeste de folies
Tout au fond de mon lit
Beaucoup de rêveries…
Centre de Loisirs / Viens
Les oiseaux de passage
Ô vie heureuse des bourgeois
Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle,
Ils sont fiers et contents
Ce pigeon est aimé,
Trois jours par sa pigeonne
ça lui suffit il sait
Que l'amour n'a qu'un temps
Ce dindon a toujours
Béni sa destinée
Et quand vient le moment
De mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs
C'est la que je suis née
Je meurs près de ma mère
Et je fais mon devoir
Elle a fait son devoir
C'est a dire que Onques
Elle n'eut de souhait
Impossible elle n'eut
Aucun rêve de lune
Aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs
Sur un fleuve inconnu (...)
Jean Richepin
Le Chien
Je suis un chien errant
Et je n'en sais pas plus,
Mais voilà cette voix
Qui me tombe dessus,
Une voix de poète
Qui voulut me choisir
Pour me faire un peu fête
Moi qui ne puis rien dire,
Et qui n'ai qu'un aboi
Pour un peu m'éclaircir
Les brumes et la voix.
Je ne veux pas sortir
De mon obscurité,
je ne veux rien savoir
D'une tête habitée
Par des mots descendus
De quelque hors-venu.
Je suis un chien errant N'en demandez pas plus.
Jules Supervielle
Ode à Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Pierre de Ronsard
Voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Arthur Rimbaud
Rêve pour l’hiver
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...
Et tu me diras: "Cherche!" en inclinant la tête,
Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
Qui voyage beaucoup...
Arthur Rimbaud
Liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffées d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom (...)
Paul Eluard
Le vol en V des oies sauvages
Elles ont tracé la seule et unique lettre qu'elles savent écrire, V.
Magnifique dans le ciel de leur exil.
Elles laissent quelque chose après elles,
elles emportent quelque chose par-delà les nuages,
Pour cette beauté essentielle, grâces vous soient rendues oies sauvages.
Car il a suffi d'une seule et unique lettre dans le ciel démesurément gris,
Pour que mieux que mieux qu'une bibliothèque vous donniez corps à notre nostalgie.
Ismaël Kadaré / CM2 Jean Giono
Les enfants qui s’aiment
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour
Jacques Prévert
Hiver …
Hiver tout couvert de givre
J'en ai assez de te suivre
Hâte-toi de détaler
Ou j'aurai les pieds gelés
Mes prairies de paquêrettes
N'osent pas montrer leurs têtes
Allez tout le monde attend
Que je vienne moi Printemps
Printemps tu en as de bonnes
Tandis que tu fanfaronnes
Tu nous couvres de bourgeons
Dans les fleurs nous pataugeons
Avant que tu te reposes
Je dois retenir mes roses
Et ne pas mûrir mes blés
Quel supplice pour l'été
Eté toi qui te prélasses
Quand vas-tu laisser la place ?
Ton soleil nous engourdit
Sous le sucre de tes fruits
Ta chaleur est monotone
Tout le monde attend l'automne
Pour aller aux champignons
Et voir si le vin est bon
Automne bien que tu veuilles
longtemps te couvrir de feuilles
Tu ne peux les retenir
Déjà tu les vois jaunir
Il faut qu'avec mes orages
Je fasse un peu le ménage
Qu'il n'y ait plus rien de vert
Car j'arrive, moi l'hiver
Anne Sylvestre
Daffodils
I wandered lonely as a cloud
That floats on high o'er vales and hills,
When all at once I saw a crowd,
A host, of golden daffodils;
Beside the lake, beneath the trees,
Fluttering and dancing in the breeze.
Continuous as the stars that shine
And twinkle on the Milky Way,
They stretch'd in never-ending line
Along the margin of a bay:
Ten thousand saw I at a glance,
Tossing their heads in sprightly dance.
The waves beside them danced; but they
Out-did the sparkling waves in glee:
A poet could not but be gay,
In such a jocund company:
I gazed -- and gazed -- but little thought
What wealth the show to me had brought:
For oft, when on my couch I lie
In vacant or in pensive mood,
They flash upon that inward eye
Which is the bliss of solitude;
And then my heart with pleasure fills,
And dances with the daffodils.
William Wordsworth
Green
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encore de vos derniers baisers ;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul Verlaine
Premier sourire du printemps
Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement, lorsque tout dort,
Il repasse les collerettes
Et cisèle les boutons d'or.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.
La nature au lit se repose,
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
(…)
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril, tournant la tête,
Il dit : "printemps, tu peux venir."
Théophile Gautier
Chaleur
Tout luit, tout bleuit, tout bruit.
Le jour est brulant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l'air ou rôde
Comme un parfum de reine-claude.
Le soleil comme de l'eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu.
Anna de Noailles
Beautés de Printemps
Coquelicot du Printemps,
Ou bien même jacinthe d'hiver,
Rien ne vaut ces instants
Avec notre Coralie et ses yeux verts,
Lumineuse au milieu de ces fleurs,
Imaginant, des histoires hautes en couleurs,
Et éclairant ses parents d'un grand bonheur.
Nicolas, lui, à ces mêmes instants,
Imagine des oiseaux s'envoler
Comme pour aller câliner ses parents
Ou bien, comme à son habitude, s'amuser.
L'ensemble, de ces oiseaux,
Accompagnés de chants et de couleurs
Suivent notre enfant jusqu'à nos cœurs.
Sylvie Carretero
Haikus 6em 10
Le soleil brille
Le papillon bleu s’envole
Le beau temps s’annonce
Christelle
Le soleil brille
Un papillon d’or s’envole
La rose blanche tombe
Youssra
La pluie tombe,
Derrière la vitre, je m’abrite
Tout ce gris m’attriste
Pauline
Et quand tu lis, je
Pense aux arbres qui se balancent
Vers les nuages doux
Mathieu
En hiver, la neige
Tombe sur les prés gelés
La ville toute blanche
Thomas B
Ce printemps les fleurs
Jaillissent, tout rayonne enfin !
Les journées rallongent
Thomas B.
Cet automne, le lac
Se fait recouvrir de feuilles
Et les hommes traversent.
Thomas B.
Mon chien détale
L’oiseau noir effarouché
S’envole vers les cieux
Esteban
La forêt brûlait
Puis, la pluie a tout éteint
Les écureuils jouent
Brandon
Aujourd’hui il neige
Les nuages fondent, les oiseaux
Gèlent, jouent et chantent
Brandon
Les feuilles descendent
Cet automne, comme les plumes
L’oiseau qui brille
Thomas L.
Un corbeau d’ébène
Au bord des prés, la nuit tombe
C’est un grand silence
Thomas
Haiku
Couvert de papillons
L'arbre mort
Est en fleurs
KOBAYASHI ISSA
Regret
Les martinets font des écritures dans le ciel
mais j'arrive pas à lire si haut.
Catherine MONIN
Coquillage
On m'a offert un coquillage
Il y chante
une mer de mappemonde
et l'eau emplit mon cœur
avec ses petits poissons
d'ombre et d'argent
On m'a offert un coquillage
Federico Garcia Lorca
Approchez vos mains de la flammes
Approchez vos mains de la flamme
jusqu'à voir le feu au travers
avec ses courants et ses lames
et ses sirènes aux yeux verts
jusqu'à voir les grands fonds du feu
avec leurs poissons de sommeil
et les longs navires sans yeux
leurs équipages de soleil
et leur forêt d'algues de paille
qui flambe et brille au fond du feu
prisonniers des mains et des mailles
au tremblant filet de vos yeux.
Claude Roy
Victoire du Monde
Que déjà je me lève en ce matin d'été
Sans regretter longtemps la nuit et le repos
Que déjà je me lève
Et que j'ai cette envie d'eau froide
Pour ma nuque et mon visage
Que je regarde avec envie
L'abeille en grand travail
Et que je la comprenne
Que déjà je me lève et voie le buis
Qui probablement travaille autant que l'abeille
Et que j'en sois content
Que je me sois levé au-devant de la lumière
Et que je sache : la journée est à ouvrir.
Déjà, c'est victoire.
Eugène Guillevic
Stella, la princesse des étoiles
Dans son trou noir,
la sorcière guettait
les petites étoiles, gobait
Stella dans le ciel s'est égarée
La princesse finit dans son garde manger
Midou
Le poète
Il n’a point d’humour, mais de l’amour.
Il n’a point mis de majuscule ni pris le train.
Il n’a point besoin de moi.
Il porte des vêtements de neige, des lunettes et un chapeau pour protéger sa tête.
Il porte plein de secrets.
Il veut être libre.
Il dit qu’il veut écrire et hop, les mots se jettent sur sa feuille.
Il dit « Grand livre ! » et il écrit dans la neige.
Ses traces sont des poèmes.
Si on l’obligeait à mettre des chaussettes,
il s’ennuierait.
CM1 Ecole Jean Giono
Le Yin et Le Yang
Tout ce qui vit sur cette terre
A deux facettes
Tout ce qui vit ici a son contraire Et tout se complète
Sans jour, pas de nuit Sans soleil, pas de lune Sans nuage, pas de pluie Sans eau, pas de lagune
Le bien a son mal
Le bon a son méchant Le profane a son sacral Le levant a son couchant
Sans froid, pas de chaud Sans avant, pas d'après
Sans recto, pas de verso
Sans intérêt, pas de désintérêt
La gaité a sa tristesse
Le malheur a son bonheur
Avec l'eau pas de sécheresse
Avec les rires pas de pleurs
Tout ce qui est beauté Peut être laideur
Tout ce qui est vérité Peut être un leurre
Dans chacun de nous Le blanc et le noir !
Lili-la-rebelle
Ecrire,
écrire phrases et mots, pour qu'ils deviennent beaux en lettre droite, en italique, imprimerie ou bien gothique
enjoliver les majuscules, mettre les points et les virgules
tremper la plume dans ses pensées
pour faire naitre sur papier
ses sentiments......... inavouables à l'être aimé
écrire,
jouer les pleins les déliés, poser l'accent approprié sans oublier l'accord parfait
écrire,
écrire quoi ? je ne sais plus
aurais je oublié le début ?
mais non pas ces mots tout de même ........
je t'aime.
Dany Jouval
Vert nil :
Toute la journée le crocodile faisait
le monstre.
Et puis le soir il s'habillait
en grand-papa pour raconter des fables
à ses petits-enfants."
" vert près :
Les prairies
les forêts
les vergers
les jardins s'étalaient au soleil
et méprisaient
les champs
qui s'étaient laissés vendre
aux entrepreneurs de constructions.
Comme si on leur avait demandé leur avis."
" vert indécis:
Les possibilités se tenaient par la main et formaient une ronde.
fallait-il choisir la plus gaie dansons la capucine!
la plus austère
y'a pas de pain chez nous! la plus simple
y'en a chez la voisine!
la plus sage
mais ce n'est pas pour nous! la plus folle
chou!"
"vert exclusif :
La mer
en s'en allant écrivait sur le sable un poème
que le vent jaloux effaçait."
"vert printemps :
Et le printemps revenait avec sa bonne humeur ses artifices
et ses oiseaux
et tout le monde une fois de plus se mettait
à croire aux miracles »
Madeleine Le Floch
Les Roses d'Ispahan
Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse,
Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l'oranger
Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce,
O blanche Leïlah ! que ton souffle léger.
Ta lèvre est de corail, et ton rire léger
Sonne mieux que l'eau vive et d'une voix plus douce,
Mieux que le vent joyeux qui berce l'oranger,
Mieux quel'oiseau qui chante au bord du nid de mousse.
Mais la subtile odeur des roses dans leur mousse,
La brise qui se joue autour de l'oranger
Et l'eau vive qui flue avec sa plainte douce
Ont un charme plus sûr que ton amour léger !
O Leïlah ! depuis que de leur vol léger
Tous les baisers ont fui de ta lèvre si douce,
Il n'est plus de parfum dans le pâle oranger,
Ni de céleste arome aux roses dans leur mousse.
L'oiseau, sur le duvet humide et sur la mousse,
Ne chante plus parmi la rose et l'oranger ;
L'eau vive des jardins n'a plus de chanson douce,
L'aube ne dore plus le ciel pur et léger.
Oh ! que ton jeune amour, ce papillon léger,
Revienne vers mon coeur d'une aile prompte et douce,
Et qu'il parfume encor les fleurs de l'oranger,
Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse !
Leconte de Lisle "